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Agrandissement de la gare Cornavin : un projet ambitieux mais qui se fera attendre longtemps

Le chantier de l’agrandissement de la gare Cornavin ne devrait se terminer qu’en 2038. Si l’ambition du projet doit être saluée, ce nouveau retard met en évidence la problématique des horizons de réalisation dans les infrastructures de transport majeures.

L’annonce des CFF et du canton ne surprend malheureusement guère tant les retards dans les grands chantiers ferroviaires semblent être devenus la norme, le fiasco de la gare de Lausanne en étant l’exemple récent le plus emblématique. La fin du chantier de l’agrandissement de la gare Cornavin, initialement prévue pour 2032, avait déjà été repoussée à 2035 : elle n’interviendra finalement au plus tôt qu’en 2038 ! Les modalités retenues, à savoir la création de deux nouveaux passages inférieurs ainsi qu’un tunnel à double voie en direction de l’aéroport, devraient cependant permettre d’accroître considérablement les capacités de la gare.

Si l’ambition du projet doit être saluée, ce nouveau retard met en évidence la problématique des horizons de réalisation extrêmement longs des infrastructures de transport majeures. En effet, les contraintes opérationnelles rendent souvent les délais incompressibles malgré un financement suffisant et une volonté politique forte. À ce jour, la gare Cornavin, qui voit défiler 156’000 personnes par jour, subit déjà des signes de saturation sur certaines lignes, ce qui laisse présager une diminution du confort des usagers durant les quinze prochaines années.

En considérant que la nouvelle diamétrale ferroviaire ne pourra probablement pas être concrétisée avant 2050 et que les projets de grande traversée du lac (contournement autoroutier Est) et de doublement de la ligne ferroviaire Genève-Lausanne n’ont que peu de chances de voir le jour avant 2060, il apparaît clairement que les infrastructures de transport majeures autour desquelles les flux de déplacement sont organisés au niveau régional ne vont pas évoluer au même rythme que l’accroissement des besoins durant les deux prochaines décennies[1].

Cette constatation nous porte à croire qu’un report modal massif vers les transports publics, qui permettrait de désengorger le centre-ville, est malheureusement difficilement réalisable à court-terme. En effet, les transports publics existants sont déjà largement sollicités, comme en témoignent notamment les chiffres de fréquentation du Léman Express.

Dès lors, contraindre la population en réduisant la fluidité et l’espace dédié au transport routier professionnel et privé sur les axes structurants n’est pas la solution. Genèvemobilité s’engage au contraire pour une politique coordonnée en matière de transport permettant de garantir aux entreprises de pouvoir circuler dans de bonnes conditions. Dans ce cadre, elle appelle de ses vœux une réalisation rapide de ces projets d’infrastructures majeures qui devraient permettre de répondre à la demande et d’améliorer la situation.

Erik Simonin – 29.11.23


[1] D’ici 2050, la population cantonale devrait atteindre 620’400 personnes, soit 111’600 de plus qu’en 2020. La population française du Grand Genève devrait croître dans des proportions similaires (Office cantonal de la statistique, scénario moyen).