
Initiative piétonne (IN 192) : pourquoi choisir le contre-projet ?
Le 28 septembre prochain, les Genevois se prononceront sur l’initiative populaire cantonale IN 192 « Initiative piétonne : pour un canton qui marche », portée par les Verts, ainsi que sur le contre-projet élaboré par la majorité parlementaire (PL 13583). Cette initiative aurait un impact néfaste important pour les finances publiques et les autres moyens de transport. Le contre-projet apporte une solution équilibrée et raisonnable.
Les enjeux de l’initiative
L’initiative des Verts part d’un constat juste : Genève est la capitale de la marche en Suisse, avec 40% des déplacements effectués à pied dans le canton. Elle vise à créer un maillage d’aménagements piétonniers spécifiques, des axes forts piétons reliant les quartiers, davantage de zones piétonnes et des accès facilités aux transports publics.
Cependant, les moyens proposés posent problème. L’initiative exige qu’au moins 40 millions de francs soient affectés chaque année à la mobilité douce, dont la moitié au réseau piéton. Cette somme considérable manque de précision quant à son affectation concrète.
Plus préoccupant encore, l’initiative impose des modifications lourdes de trois lois cantonales avec des dispositions très détaillées. Elle prévoit notamment de réaffecter les réseaux secondaires et de quartier « prioritairement au trafic motorisé public et à la mobilité douce », ce qui pourrait limiter l’accès aux véhicules privés, même sur des axes structurants et des routes de campagne classées en réseau secondaire. Cette approche technocratique et rigide risque de créer des tensions inutiles entre différents modes de transport.
Un contre-projet équilibré et pragmatique
Face à ces défis, la majorité parlementaire a élaboré un contre-projet qui reprend les objectifs légitimes de l’initiative tout en évitant ses écueils. Ce contre-projet est une solution simple, claire et efficace, qui permet une mise en œuvre concrète sans complexité administrative excessive.
Le contre-projet reconnaît pleinement les bienfaits de la marche et des déplacements piétons comme moyen de transport, répondant ainsi à l’aspiration centrale de l’initiative. Il demande la mise en œuvre d’un plan d’action des mobilités actives et prévoit la réalisation de magistrales piétonnes sécurisées.
Des améliorations concrètes et mesurées
Le contre-projet propose des mesures pragmatiques qui amélioreront réellement la situation des piétons sans la lourdeur administrative de l’initiative. Il prévoit une réévaluation complète du réseau piétonnier cantonal pour identifier les axes principaux et les rendre plus sûrs, accompagnée d’une signalétique claire dans toutes les communes.
L’initiative originale exigeait un « concept d’accessibilité piétonne dans un périmètre de 500m autour des centralités » et imposait que les mesures soient mises en œuvre « dans les 2 ans ». Le contre-projet évite cette rigidité tout en conservant l’objectif d’amélioration de l’accessibilité piétonne.
Un coût maîtrisé pour le canton
L’aspect financier constitue un élément déterminant. L’initiative impose une charge annuelle récurrente d’au moins 40 millions de francs pour la mobilité douce, « dont au moins la moitié contribuera à la réalisation du réseau piéton ». Cette obligation budgétaire rigide représenterait une contrainte majeure pour les finances cantonales.
Le contre-projet nécessite un investissement unique de 1,8 million de francs – sur 10 ans c’est donc plus de 200 fois moins coûteux – permettant d’atteindre les objectifs sans grever les finances publiques genevoises.
Cette approche responsable garantit que les améliorations apportées à la mobilité piétonne ne se feront pas au détriment des autres moyens de transport et d’autres priorités cantonales essentielles comme l’éducation, la santé ou le logement.
Une recommandation claire
Le 1er février 2024, le Grand Conseil a rejeté l’initiative par 63 voix contre 31, tout en acceptant le principe d’un contre-projet par 64 voix contre 32. Le 13 février 2025, le contre-projet a été adopté par 58 voix contre 30.
Cette convergence politique reflète la pertinence d’une solution équilibrée qui concilie promotion de la mobilité douce et respect des réalités genevoises. Le contre-projet offre une voie médiane pragmatique.
Notre recommandation est claire : NON à l’initiative IN 192, OUI au contre-projet. Cette position permet de soutenir la mobilité piétonne tout en préservant l’équilibre entre tous les modes de transport et en maîtrisant l’impact sur les finances publiques.